C'était le 27 mai, au Val Geffroy...
Cette année je me suis offert ma fête
des mères !
Il est sorti de terre, il a rien de
particulier, il est tout à fait insignifiant et j'en avais vraiment
besoin
Je me trimbalais une caisse de terre de
la Lande Fauve depuis 1 an, dans l'espoir d'en faire quelque chose,
de trouver le temps. Elle avait survécu au grand tri, et à
l'impla'cable : mais non, mais un peu de réalisme, tu n'en feras
jamais rien, débarrasse t'en ! J'ai profité de la pluie de
cette nuit qui l'avait inondée, du soleil de ce matin là, de la
présence de 2 jeunes personnes curieuses «oh regarde c'est tout
mou », du calme et de la disponibilité de ce moment pour enfin
faire... un simple bougeoir.
Il est apparu sans que je le veuille,
dans mes mains, qui s'étaient posées avec elleux, pour « faire
des boules », et « maman, tu veux une crêpe en terre
? ». J'ai roulé, roulé, ri, joué, et d'un coup, juste mon
pouce qui s'enfonce dans la boule et crée un trou...
Un instant je comprends ce qu'il se
passe, je n'ose y croire !
Malignement je cours, sans bruit,
jusqu'à la caravane, attraper une bougie pour avoir la bonne
taille... Je suis excitée, au fond de moi ça chantonne « hihihi
: je vais réaliser quelque chose sans en avoir parlé à personne,
surtout pas moi, sans annonce et sans préméditation, je vais créer
sans que personne ne s'aperçoive que j'ai pris ce temps là ».
Je me rassois, j'ai un rictus aux
lèvres, j'ai envie de rire, mais je ne veux pas risquer de les
sortir de leurs jeux, et me protège ainsi d'un « qu'est ce
qu'il y a ? tu fais quoi maman ? »
Je le pose sur un coin de la table,
elle ne le remarque pas, lui non plus, et on reprend le jeu.
Ça a duré 3 minutes, que j'avais
renoncé à m'offrir depuis un an que je me trimbalais cette caisse
de terre ...
Libre contribution
C'était drôle de
choisir de faire une fête des mères ensemble. Je crois que ce qui
était important, au delà de nos prolifiques propositions, c'était
de nous regrouper, de pas fêter ça juste en famille, parce qu'on
sent bien que c'est pas là que ça se joue.
De sortir de
l'isolement familial, et précisément ce jour là, nous donner une
autre place qu'à la table familiale, ou au moins en la partageant !
Il y avait donc
avec moi, 2 mamans et leurs touts petits, au sein, ou à bras ou en
train de découvrir de très près la flore et la faune de la prairie
; un peu plus loin des un peu moins petites qui jouaient librement,
et un peu plus loin encore, des encore plus autonomes partis en
cueillette avec leur père...
On a pris un thé,
on a discuté, pas trop longtemps, on savait qu'on avait juste un peu
de temps devant nous. On s'est mises d'accord sur ce qu'on voulait
faire... Après j'ai découvert ce qu'était un noisetier, j'ai
appris que je pouvais en couper quelques branches et comment, j'ai
utilisé une barre à mines, planté des bouts de noisetier tête en
bas, tressé les branches les plus souples dedans... Et quand ça a
commencé à faire un beau cercle on a fini avec les enfants...
C'était une belle
équipe dont j'ai aimé faire partie. Et peut-être aussi parce que
pour une première fois j'étais disponible uniquement au chantier.
Une prochaine fois, peut-être que ça me traversera l'esprit de
proposer aussi mes bras pour porter un des plus petits.
Là dans cette
configuration, je crois que nous étions chacune bien.
D'ailleurs à un
moment Marie, qui allaitait Loïc, à côté de Catherine qui
s'occupait de Melen, a dit : « j'aime bien ce chantier collectif
où on regarde Marion travailler » ...
Eh bien moi aussi
j'aimais bien ce chantier là.
Parce que je n'y
travaillais pas.
Ou pas plus que
Marie, Catherine, (et dans une certaine mesure Loïc et Melenn...)
Si allaiter est un
travail, si gérer un conflit pour un jouet entre 2 personnes est un
travail, alors je veux bien dire que faire des trous à la barre à
mine est un travail !!
Mais quels mots
alors pour valoriser ce qu'ont apporté Loïc et Mélenn qui ont
suivi toute la création avec un rôle essentiel, et sans qui... ;
« du travail » ?...
Et comment dire
les cris, rires, passages éclairs de nos enfants, qui nous emplissent
et remettent du coeur à l'ouvrage (et de l'empressement aussi, parce
qu'on sent bien qu'il faut qu'on se depêche ; illes arrivent au
bout de leur capacité d'autonomie, vont nous solliciter dans 10
minutes, là, et faudra tout arrêter... et remettre à plus tard),
et sans qui... ; « Du travail » ?...
Et les
encouragements de celleux à qui on a parlé de nos envies pour cette
journée et nous ont soutenues, permis d'aller plus loin, et sans
qui... ; « Du travail » ?...
Et les personnes
qui font vivre le lieu, sans qui... ; « Du travail » ?...
Je parlerai
volontiers alors de contribution.
Le monde a besoin
de notre contribution, pas de notre travail...
Et comme je prends
plaisir à apporter ma contribution, telle que je suis...
Merci donc à
toutes celles et tous ceux qui ont rendu possible cette journée, et
ce rond de sorcière en devenir
Par Marion.
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